Mehun, un site douze châteaux

 

 

 

 

 

 

 

Château 1, 2 et 3

 

A première vue, la vision qu’offrent les nombreux trous de poteaux, retrouvés principalement dans les grandes caves (secteur I et II du château), ressemblent à un grand gruyère inextricable. Pourtant, en comparant les alignements possibles, les façons de creuser ces fondations et l’évolution des remplissages, trois phases bien distinctes ont été repérées.


 

Château 4

 

A même le rocher et récupérant au passage les substructions plus anciennes, des structures en pierres apparaissent rapidement dans la site des constructions en bois. Mais la logique de nos livres d’histoire ne va pas être respectée…


 

Château 5

 

Car, c’est en observant certaines élévations des caves qu’est apparu le fantôme d’une motte. Elle recouvrait le château précédent et, si nous ne saurons jamais ce qu’elle portât, elle avait remplacé les premières constructions de pierres. Comme si le rocher n’avait pas été assez haut au dessus de la vallée, les seigneurs avaient alors considéré la nécessité de construire un « château à la mode ».


 

Château 6

 

Dans les remplissages de cette motte ont été installés des murs dont les bâtisseurs avaient oublié jusqu’à l’existence du rocher. Ainsi ces constructions ont elles-même protégé certains niveaux antérieurs.


 

Château 7

 

C’est ici qu’il faut insérer l’édification de la vaste enceinte quadrangulaire confortée de tours carrées, entièrement saillante sur l’extérieur.


 

Château 8

 

Comme vu précédemment, la fin du XIIème siècle et le début du XIIIeme sont une époque charnière pour la province de Mehun sur Yèvre qui se dote d’un puissant château. C’est à l’époque du beau donjon circulaire et des trois autres tours qui viennent s’intercaler entre les élévations existantes, en les confortant et les rehaussant.

 

 

 

 

Mehun est un château exceptionnel mais aussi très compliqué. En rapport avec sa longue histoire, l’archéologie a révélé pas moins de douze édifices empilés, enchevêtrés, superposés les uns sur les autres. Ces traces sont parfois fort modestes mais elles attestent de l’intérêt que l’Homme a toujours apporté à cette position stratégique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Château 9

 

Directement lié à Jean de Berry, cette phase correspond à sa prise de possession de son duché, donc du site. Il s’approprie les ailes sud et sud-est, réaménage la basse-cour, construit ses appartements et une salle d’apparat en modifiant profondément certaines bases de l’ancien bâti (phase 9, entre 1367 et 1375). La duchesse, Jeanne d’Armagnac, y réside très régulièrement, au milieu des travaux incessants. On considère que les travaux réalisés dans le donjon appartiennent à cette phase (phase 9 b, avant 1385), même s’ils sont les prémices d’un programme beaucoup plus ambitieux.


 

Château 10

 

En 1385, avec la pose de la première pierre du nouveau pont, le prince décide d’ouvrir sa résidence vers la ville. Le château a besoin de la cité pour fonctionner, la ville se développe grâce à son château ; changement total de programme et retournement du site. Les dentelles de pierres se dressent, la chapelle accueille avec ostentation les visiteurs et devient un modèle pour les princes d’Occident : des travaux colossaux que révèlent les miniatures, dont l’étonnante Tentation du Christ des Très Riches Heures du musée Condé. Ces élévations n’ont certainement pas été sans contraintes au niveau du socle rocheux et des fondations de l’édifice. Des repentirs en sous-œuvres ont été repérés (phase 10b).


 

Château 11

 

Comme si le site n’était pas assez beau, ou assez grand, Jean de Berry décide, vers la fin de sa vie (1408 – 1410), l’extension de sa résidence hors du socle rocheux, dans les prairies situés de l’autre côté de la rivière de l’Annain. Un pavillon aussi grand que la salle d’apparat augmenté d’un moulin et de divers appendices, peut-être une « librairie », d’un rempart de promenade, d’une ménagerie et de jardins parachèvent les constructions principales.


 

Château 12

 

Avec l’arrivée du souverain Charles VII à Mehun, puis l’installation de son fils Charles de France, de profondes modifications (installation de nouvelles cuisines), suite vraisemblablement à un incendie et à un soucis excessif de la sécurisation, vont transformer à jamais les bases du monument. Ce sont les ultimes grands chantiers de Mehun, avec des apports considérables de maçonneries. Le château reste une beauté verticale, mais il se fortifie suivant les dernières modes pour faire face aux nouvelles pièces d’artillerie.
La résidence reste une exception architecturale, un modèle du genre et des dessins, voire des poncifs, circulent au sein des ateliers de miniaturistes. Jean Colombe et les ateliers du centre de la France nous livrent alors leurs plus belles images en associant à l’Annonciation ou au bain de Bethsabée le cadre idyllique de Mehun et de ses jardins de Bon Repos ou de Vachon.